Monde

Iran : en plein concert, la chanteuse turque Melek Mosso se coupe les cheveux pour soutenir les Iraniennes qui manifestent

Au milieu de sa performance, elle s’est arrêtée de chanter et a expliqué vouloir lutter pour faire en sorte que ‘la mobilisation de ses sœurs en Iran ne tombe pas dans le silence ». La vidéo tourne depuis trois jours sur les réseaux sociaux turcs et bien au-delà.

Le geste est devenu le signe ultime de soutien aux femmes qui manifestent en Iran : se couper les cheveux. Et c’est ce que Melek Mosso a fait sur scène. C’était il y a trois jours, à Istanbul, lors d’une performance dans l’amphithéâtre en plein air de Harbiye. Après quelques chansons, elle s’est arrêtée et a expliqué qu’elle voulait rendre hommage à Mahsa Amini, cette Iranienne morte sous les coups de la police des mœurs, parce qu’une mèche de cheveux dépassait de son foulard.

La chanteuse a expliqué que la mobilisation intense qui se tient en ce moment en Iran « ne doit pas tomber dans le silence« , et que, pour marquer son soutien à ses « sœurs iraniennes« , elle allait se couper les cheveux. Un de ses assistants lui a donc passé une paire de ciseaux et elle a fait tomber à ses pieds ses mèches brunes, une par une, sous les applaudissements de son public qui a tout enregistré, tout filmé et tout publié sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, la vidéo est reprise par des sites d’information en Turquie, mais aussi par des médias thaïlandais ou indiens. Et c’est exactement ce qu’elle espérait, parce qu’elle sait que c’est comme ça que ça marche : il faut choquer, provoquer, crier, faire un bruit tel que vous faire taire devient impossible, trop voyant, trop compromettant.

Melek Mosso sait de quoi elle parle. En 2020, elle avait critiqué la remise en liberté de policiers accusés de viol et de meurtre. Résultats : des gros bras étaient venus l’interpeller sur scène, elle et ses musiciens. En mai dernier, elle a également été déprogrammée du festival d’Isparta par la municipalité elle-même pour ses tenues jugées « trop légères ».

Ainsi, son geste parle pour les Iraniennes, mais rappelle aussi que ce qui se passe en Iran ne concerne pas que l’Iran, et pas que les femmes, et pas que le voile. C’est une lutte pour les droits humains, pour dénoncer les lois du silence, l’impunité que s’arrogent certains pouvoirs. Notamment en Turquie.

Avec cette vidéo, les oreilles du président Recep Tayyip Erdogan doivent siffler un peu. Mais aussi celles de tous ceux qui décrètent des interdits ou des obligations, tous ceux qui infantilisent les femmes, les sexualisent, ceux qui répriment, qui tuent, qui pensent surtout que l’indignation est temporaire, que le monde finira par oublier. C’est à eux que répondent les cheveux coupés de Melek Mosso, pour rappeler, à qui en douterait, qu’on ne fait pas taire une idée.

Arts & Culture

« Gravity », une œuvre poétique en suspension dans la collégiale Saint-Martin d’Angers

L’artiste Yann Nguema propose une exposition poétique et cinétique dans la plus vieille église d’Angers. À contempler jusqu’au 31 décembre 2022.

Dans la collégiale Saint-Martin à Angers, l’exposition « Gravity » a été installée par Yann Nguema. L’artiste numérique, réputé pour ses créations sur des façades de monuments, propose une installation cinétique sur le thème de la nature. Des images apaisantes sont projetées sur des voiles en suspension. Le tout sur une création sonore composée pour l’occasion par le musicien Johann Guillon.

Yann Nguema a souhaité créer une atmosphère poétique, invitant à la contemplation et à la rêverie. « Il a eu l’idée de travailler sur du voilage en mouvement, grâce à une vingtaine de ventilateurs. Sur ces voilages, il a ajouté des images et de la musique. Ça donne un ensemble cohérent et complètement immersif« , explique Julien Beccognée, médiateur culturel.

Entre tradition et modernité

Cette installation est l’occasion de découvrir la collégiale Saint-Martin autrement. Sous la nef, un univers composé de vagues, de méduses ou encore de constellations prend forme. Pour la directrice de la collégiale Saint-Martin, Isabelle Leygue, travailler avec un artiste digital est une véritable opportunité. « On aime bien travailler entre monument historique et art contemporain. Les arts numériques, qui font partie de nos dernières orientations artistiques, fonctionnent particulièrement bien dans ce monument millénaire.« 

Pour une première dans cette église, Yann Nguema a su séduire le public. Des transats sont installés pour permettre aux visiteurs de se détendre et profiter pleinement du spectalcle. « C’est poétique et relaxant, vraiment très agréable à regarder« , décrit une visiteuse. En l’espace de quinze jours, plus de 7000 visiteurs ont assisté à cette immersion visuelle et auditive.

Exposition « Gravity », collégiale Saint-Martin, Angers (Maine-et-Loire) jusqu’au 31 décembre 2022. Tarif : 4€ (3€ tarif réduit). Informations sur le site de la collégiale Saint-Martin .

Lifestyle

« Blonde » sur Netflix : un film bouleversant sur la face sombre de Marilyn Monroe

C’est le film le plus attendu de cette rentrée. « Blonde », une adaptation du livre éponyme de Carol Joyce Oates sort ce 28 septembre sur la plateforme Netflix, avec la vision toute personnelle d’un réalisateur qui affronte l’icône Marilyn Monroe.

Le réalisateur Andrew Dominik s’attaque à un mythe hollywoodien : Marilyn Monroe, décédée il y a 60 ans, ou plutôt Norma Jean Baker dont il raconte pendant 2H45 toutes les névroses et les traumas. Un film au goût de soufre, non seulement par la présence de scènes torrides qui lui ont valu une interdiction aux moins de 18 ans aux Etats-Unis, mais aussi par le choix assumé de faire de la vie de Marilyn Monroe une longue et tragique descente aux enfers. Aux antipodes des images de papier glacé.

Pour incarner cette blonde, Andrew Dominik avait d’abord pensé à Naomi Watts ou Jessica Chastain, mais c’est finalement la Cubaine Ana de Armas , 34 ans, apparue dans Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, ou encore auprès de Daniel Craig, dans le James Bond Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga, qu’il a choisie et bien lui en a pris. Ana de Armas est Marilyn ou plutôt Norma Jean Baker, le véritable nom de la star décédée à l’âge de 36 ans il y a 60 ans, avant que les studios n’en fassent leur Marilyn Monroe, objet de fantasme pour nourrir la machine à rêves de l’Amérique des années 1950.

Le film s’attache à dresser le portrait d’une femme blessée par les hommes qu’elle a rencontrés tout au long de sa vie. Un chemin de croix commencé dès l’enfance par l’absence de son père totalement idéalisé, et qu’elle cherchera à rencontrer en vain toute sa vie, la présence d’une mère folle qui tente de la noyer, et l’enferme dans un tiroir en guise de berceau. Il se poursuit avec les producteurs qui la chosifient à loisir, les acteurs qu’elle a connus et ses maris Joe di Maggio, et Arthur Miller (étonnant Adrian Brody) qu’elle appelait tous « papa ».